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Liberté de la presse en danger ? La Ville d’Andenne assigne une journaliste en justice

Ce lundi 18 février, le conseil communal a décidé, majorité contre opposition, d’intenter une action à l’égard de la journaliste Mélanie De Groote suite à la publication d’un portrait de l’ancien bourgmestre d’Andenne, Claude Eerdekens. Un portrait estimé diffamatoire et calomnieux par le bourgmestre, mais également par la Ville qui, par ce vote, se pose en personne lésée dans cette affaire. Décortiquons les tenants et aboutissants de cette histoire.

Dans l’édition nᵒ 28 du magazine Wilfried paru peu avant les élections communales, un portrait de plusieurs pages de l’ancien maïeur est dressé par la journaliste Mélanie De Groote. Ce portrait, fruit d’une enquête de plusieurs années, dépeint le bourgmestre comme quelqu’un avec une forte personnalité et l’accuse de sexisme, de harcèlement moral, etc. À la suite de cette parution, Claude Eerdekens a donc décidé d’assigner la journaliste en justice pour diffamation et calomnie. Le 21 octobre, le conseil communal a également décidé d’assigner Mélanie De Groote en justice, estimant que la Ville d’Andenne avait été lésée. Cette même décision fut annulée a posteriori par le ministre des Pouvoirs locaux, François Desquennes, qui, constatant que cette décision avait été prise in extremis avant la prestation de serment du nouveau collège, devenait illégale.

A l’ordre du jour du conseil communal du 17/02, ce point est revenu, en huis clos. Suite à une bonne heure de débat et à une suspension de séance, la majorité a finalement décidé de continuer dans cette direction et d’ester en justice malgré la contestation du groupe d’opposition AD&N et de la surmédiatisation de l’affaire qui ne leur a manifestement pas fait froid aux yeux.

Cette décision pose question du point de vue local : utiliser de l’argent public appartenant donc à la Ville d’Andenne pour décider d’assigner en justice une journaliste pose question et pourrait rendre pas mal d’Andennais mécontents. Deuxième raison, et ici, purement d’un point de vue journalistique, où est la morale quand une journaliste, en Belgique, ne peut plus faire son travail d’enquête sans risque de subir une action en justice fatigante et stressante ? Où est la liberté de la presse dans notre si belle démocratie que nous proclamons haut et fort ? Pourquoi une institution tout entière décide-t-elle de se rallier à une cause personnelle quand aucune « attaque » de l’article ne peut être attribuée à la ville et surtout, qu’aucune personne ne se rende compte de la gravité de cet acte ? Il en revient d’un droit à se défendre pour l’ancien bourgmestre de décider d’aller en justice pour diffamation personnelle. Mais de là à mêler une institution communale dedans, certaines lignes rouges sont dépassées.

La majorité ne souhaite plus commenter avant la fin de la procédure, mais nous risquons d’en entendre parler, notamment à la FEJ (fédération européenne du journalisme) qui, avant le conseil communal du 18/02, avait vivement conseillé à la ville de se retirer, ce qu’ils n’ont pas fait ce lundi. Affaire à suivre.

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