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GHF : une fausse aide humanitaire, véritable outil de propagande

Le 2 mars 2025, Israël impose un blocus total à Gaza. Plus aucun camion humanitaire n’entre. Un mois plus tard, la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) est lancée par les États-Unis et Israël. Officiellement, pour « nourrir la population ». En réalité, elle s’impose rapidement comme l’un des dispositifs les plus cyniques et meurtriers du conflit. Ce 5 juillet 2025, deux agents américains de la GHF, anciens militaires, sont blessés par des grenades à billes de métal. L’organisation parle d’« attaque terroriste ciblée » et Israël pointe du doigt le Hamas. Mais cet incident renforce surtout une chose : la posture victimaire d’une structure militaire déguisée en ONG, qui instrumentalise la violence pour justifier sa présence.

Derrière la façade humanitaire, ce sont des sociétés militaires privées, des liens directs avec le gouvernement israélien et une stratégie assumée : transformer la faim en arme, l’aide en piège.

Une fondation née de la guerre, et pour la guerre

Créée en février 2025 par l’administration Trump et le gouvernement Netanyahou, la GHF a été imposée comme acteur exclusif de la distribution humanitaire à Gaza. L’ONU, Médecins sans frontières, le Croissant-Rouge, Oxfam : toutes ont été écartées. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme dénonce dès les premières semaines une opération de « militarisation de l’aide » qui utilise la nourriture comme « levier de guerre ».

image GHF : une fausse aide humanitaire, véritable outil de propagande

Officiellement domiciliée à Genève et dans le Delaware, la GHF ne dispose en réalité d’aucune adresse physique en Suisse, ne publie aucun audit, aucun nom de donateur. Elle est pourtant dotée d’un budget colossal : 500 millions de dollars versés par l’administration américaine et une rallonge de 30 millions via USAID fin juin. Un argent public géré sans aucun contrôle public.

Des militaires déguisés en humanitaires

Les distributions de GHF sont sécurisées non par du personnel humanitaire, mais par des mercenaires. Deux sociétés militaires privées, Safe Reach Solutions (dirigée par un ancien responsable de la CIA) et UG Solutions (gérée par un ex des forces spéciales US), recrutent des profils formés à la guerre non conventionnelle, aux mitrailleuses et aux opérations de renseignement pour « distribuer » l’aide humanitaire.

Le directeur sur le terrain à Gaza est John Acree, collaborateur de longue date des opérations militaires américaines. Le fondateur, Jake Wood, ex-sniper des Marines, a démissionné fin mai en dénonçant un projet « incompatible avec les principes humanitaires ». Il est remplacé par Johnnie Moore, pasteur évangélique pro-Trump et soutien indéfectible de Netanyahou.

Alors que l’ONU opérait plus de 400 centres de distribution à Gaza, la GHF n’en maintient que quatre, tous installés à proximité de bases militaires israéliennes ou dans les « corridors sécurisés » de Tsahal. Les habitants de Gaza doivent marcher jusqu’à 15 km à travers des zones bombardées pour espérer obtenir une ration.

Cette vidéo documente parfaitement la violence autour des centres de distribution GHF : bousculades, tirs, chaos total.

Les résultats sont d’ailleurs effrayants : depuis le 27 mai, plus de 600 Palestiniens ont été tués et plus de 4 000 blessés, dans ou aux abords des points de distribution. Tirs de drones, balles réelles, obus d’artillerie : la faim devient mortelle.

« Notre moyen de communication, c’est la fusillade »

Ces révélations ont pris une nouvelle ampleur fin juin, lorsque le quotidien israélien Haaretz a publié une série de témoignages de soldats israéliens opérant autour des centres d’aide. Ce qu’ils décrivent relève d’un crime organisé contre une population affamée.

« Les commandants nous ont ordonné de tirer sur la foule, même si elle ne représentait aucune menace », explique un réserviste.

Un autre témoigne : « Là où j’étais posté, entre une et cinq personnes étaient tuées chaque jour. Nous ne faisons aucun contrôle des foules. Pas de gaz, pas de sommation. Juste des tirs à balles réelles. Mitrailleuses lourdes, lance-grenades, mortiers. Notre moyen de communication, c’est la fusillade. »

« Les gazaouis savent que lorsque l’on arrête de tirer, ils peuvent venir chercher leur colis » déclare un autre soldat.

Les distributions sont volontairement chaotiques : les centres n’ouvrent qu’une heure par jour, forçant les civils à marcher de nuit à travers des zones contrôlées par l’armée et ses supplétifs, comme la milice Abou Shabab, accusée de racket.

Une fois, raconte un soldat, « la distribution a été annulée simplement parce que les gens étaient arrivés trop tôt. Ils attendaient depuis l’aube, affamés. On leur a dit de rentrer chez eux. »

Un autre décrit comment des tirs préventifs sont effectués dès l’aube pour « signaler » une zone de combat. Un obus a touché un groupe qui approchait.

Aucun tir ennemi, aucune menace, dit-il : « Gaza n’intéresse plus personne. La perte de vies humaines ne signifie plus rien. »

L’attaque du 5 juillet : un retournement médiatique

Les critiques sont unanimes. L’ONU parle d’un plan visant à déplacer la population vers le sud, dans des « corridors de la faim ». Le Haut Commissaire aux droits de l’Homme dénonce un « crime de guerre ». L’UNICEF condamne l’usage de la reconnaissance faciale pour contrôler les bénéficiaires. Le système est qualifié de « dystopique », destiné à maintenir Gaza dans un état permanent d’urgence, sans cessez-le-feu ni solution durable.

C’est dans ce contexte de violences systémiques qu’intervient le 5 juillet l’attaque contre deux employés américains de la GHF, blessés par des grenades à billes à la fin d’une distribution. L’incident, immédiatement qualifié d’« attentat terroriste ciblé », a été instrumentalisé par Israël pour désigner le Hamas comme responsable.

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Image d’une des grenades récupérées au centre de distribution

Mais cet événement, aussi grave soit-il, tombe à pic. Il sert de levier médiatique pour redorer l’image de la GHF, justifier sa militarisation, relégitimer la présence de ses agents armés et détourner l’attention des centaines de morts palestiniens. Alors que le 1er juillet l’ONU et 170 ONG réclament son démantèlement, la fondation parvient à se présenter comme victime et non comme le bourreau qu’elle est.

La stratégie fonctionne d’ailleurs parfaitement : dans la majorité des médias traditionnels francophones, cette attaque est qualifiée de « terroriste », un fait extrêmement grave et troublant. Pourtant, les victimes quotidiennes dans les centres de distribution sont presque systématiquement ignorées.

Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA, qualifie la fondation d’« abomination qui humilie et tue plus qu’elle ne sauve ».

Johnnie Moore, directeur de GHF, nie tout : les morts, les tirs, les manquements. Il parle de « désinformation » venue du Hamas et se vante d’avoir livré « 55 millions de repas ».

(NDLR) Ce chiffre mérite d’être scruté avec un regard critique. Cela représenterai une logistique colossale, difficile à imaginer dans un contexte de crise aussi complexe et tendu. De plus, aucune source indépendante ne confirme cette production massive : les ONG présentes sur le terrain dénoncent au contraire un « faux dispositif humanitaire complice de crimes contre l’humanité» et refusent toute collaboration avec GHF. Ce décalage entre la communication officielle et les témoignages des acteurs humanitaires soulève de sérieux doutes sur la réalité des actions menées. Dans un climat où la désinformation circule abondamment, il est essentiel de rester vigilant face à ces chiffres qui peuvent servir avant tout à légitimer une organisation dont la crédibilité est remise en cause.

Gaza n’a pas besoin d’aide militarisée, elle a besoin de justice.

GHF n’est pas une ONG. C’est un programme de guerre masqué par un logo humanitaire. Une mise en scène pour mieux contrôler, déplacer, surveiller et exterminer. Une aide au goût de sang. Loin de sauver des vies, la GHF tue et couvre les crimes. Gaza n’a pas besoin de vivres lancés par drone ni de gardes armés aux centres. Elle a besoin de cessez-le-feu, de corridors humanitaires réels et d’un retour du droit.

Démanteler la GHF, c’est un début, poursuivre les responsables, c’est une exigence.

Étudiant en troisième année de journalisme, je décrypte l’actualité avec un regard affûté et engagé. Spécialisé en géopolitique, j’analyse les dynamiques internationales pour en révéler les enjeux cachés. Que ce soit sur le terrain ou à travers mes écrits, je cherche à informer avec rigueur et clarté.

2 comments

comments user
zorse nyt game

This exposé on GHF is deeply disturbing. The militarized aid distribution in Gaza feels like a cruel manipulation of humanitarian crises, prioritizing control over lives. It’s hard to believe such blatant exploitation exists under the guise of help.

comments user
Mercury Coder

Ce texte révèle une vérité cruelle : sous le masque humanitaire, la GHF est devenue un instrument de guerre. Ces distributions militarisées, sécurisées par des mercenaires et entourées de violence, sont une honte. Les ordres de tirs contre des civils affamés, les chaos délibérés, tout cela démontre un plan malhonnête pour contrôler et désolater Gaza. Israël instrumentalise l’attaque pour masquer ses crimes, tout en redorant l’image de cet organe corrompu. La vérité est là : la GHF tue, elle ne sauve rien. Gaza mérite de la justice, pas de cet aide au goût de sang. Il faut démanteler cette fondation et追究 les responsables.Mercury Coder

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